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　　Tout le monde parle du lac Tchad. Mais pour nous , les Yadé nas , cp est le“Koulou”,“la grande é tendue dp eau” .Et on nous appelle“les Boudoumas”,“les hommes des herbes” . A causedp une bien vieille histoire.Il y a longtemps , longtemps , des hommes venant de loin , t rè s loin Âlp est , se sont arrê té s , prè s du lac aux belles eaux claires. Leur chef a deuxfils. Lp aÆ né , aprè s spê t re marié , sp en va , en pé lerinage , ÂLa Mecque.Il part . Il part mais il ne revient pas.On lp at tend , et on lp at tend encore.Personne ne sait rien de lui .Une anné e passe , une aut re , une t roisiè me.Toute la famille dit : “Il est mort” .Alors , selon la coutume , MaÇ na Ré hése marie avec la veuve de son f rè reaÆ né . Car , comment pourrait vivre une femme seule ?Ils sont marié s. Ils sont heureux. La jeune femme va avoir un enfant . EtÂce moment , quelle est la nouvelle qui court la savane , la nouvelle qui va plusvite que le vent ?Le f rè re aÆ nénp est pas mort .Il revient .MaÇ na Ré héé touffe de honte. Il np a pas su at tendre son f rè re. Commentosera - t-il le regarder ? On disait . . . mais il fallait questionner , chercher , serenseigner , at tendre davantage !La nuit mê me , il fuit .Il fuit son village.Il se cache dans une Æ le du Koulou.Les Æ les sont si nombreuses dans le lac ! On ne pourra le ret rouver .
Il vit lÂ, seul , t riste , malheureux , se nourrissant des poissons qup ilpê che , jusqup au jour oùla brise du lac pousse , sur la rive , une grande cale2basse remplie de mil .VoilÂqui est ext raordinaire !Une calebasse si grande , MaÇ na Ré hénp en a jamais vu. Chez lui , tout lemonde , bien sË r , cultive des calebasses et se sert des f ruit s vidé s et sé ché spour conserver les grains , le lait , lp eau. Mais celle-ci contient dix fois plus queles ré cipient s des Yadé nas.Et quel beau mil !Les gens qui lp ont ré coltédoivent ê t re des maÆ t res -cultivateurs !Il faut aller les voir .AussitÉ t , MaÇ na Ré hémonte dans la grande calebasse et le voici vogue-voguant parmi les Æ les et le voilÂfile-filant dans lex eaux libres.Une rive apparaÆ t . Des hommes regardentwww.51lunwen.org avec un grand é tonnementcet te embarcation inat tendue. Puis ils la reconnaissent : cp est une calebasse deleur pays.Quelle est cet te aventure ?Mais quand ils dé couvrent MaÇ na Ré hé , ils ne pensent plus Âse poser dequestions: leur rire é clate ; il court sur les vagues , il court sur les herbes.Comment peut-on ê t re si petit ?Cp est qup ils sont grands , eux , les SaÉ s.De vrais gé ant s !Pour un SaÉ, tuer un é lé phant est un jeu. Le rapporter au village sur soné paule np est rien. On peut mê me , si on en tue un deuxiè me , le faire rÉ tir et lemanger en revenant . En portant toujours le premier sur lpé paule.Et voilÂdevant eux cet homme qui pourrait Âpeine rapporter une anti2lope. Une petite antilope.A cet te idé e , leur rire , encore plus fort et encore plus joyeux , vole si loinparmi les herbes que les aut res SaÉ s accourent . En entendant les é clat s de cerire qui grandit , les oiseaux fuient la terre , les poissons fuient la rive.MaÇ na Ré hé , lui , reste calme. Les SaÉ s disent :—Emmenons -le voir le chef .Le chef lp interroge.En entendant lp inconnu expliquer comment il est venu , on spé merveille.Mais les